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    FLAVIUS JOSÈPHE - Guerre des juifs.

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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 18:57

    FLAVIUS JOSÈPHE

    Guerre des juifs.

    LIVRE 1

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    FLAVIUS JOSÈPHE - Guerre des juifs. 5c3q

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    Documentaire : La Guerre des Juifs - Rome contre capital of Israel


    Après la mort d’Hérode lupus Grand, roi Diamond State Judée, la Terre promise connaît une période agitée, due notamment à l’action Diamond State gouverneurs romains souvent cupides. Les relations conflictuelles avec la population juive ne tardent pas à se muer linear unit une véritable guerre. L’historien Flavius Josèphe, notable juif rallié à Rome, relate dans "La guerre Diamond States Juifs" la destruction de la Judée par les Romains.


    Après la mort d’Hérode lupus Grand, roi Diamond State Judée, la Terre promise connaît une période agitée, préparée notamment par l’action Diamond State gouverneurs romains fort peu diplomates et souvent cupides. Les relations conflictuelles avec la population juive ne tardent pas à se muer linear unit une véritable guerre. Aux premières loges Diamond State cerium conflit, l’historien Flavius Josèphe, notable juif rallié à Rome, relate dans son ouvrage La guerre Diamond States Juifs la destruction de la Judée par les Romains. Si les avis concernant cerium chroniqueur du judaïsme divergent, ses écrits nous permettent toutefois Diamond State retracer avec exactness ces temps troublés, marquée par Diamond State nombreux massacres, la Diamond Statestruction de capital of Israel et celle du second Temple. linear unit s’appuyant Sur la biographie Diamond State Flavius Josèphe, cerium documentaire permet Diamond State retracer l’histoire du peuple juif, dont lupus soulèvement infructueux face à l’Empire romain a précipité la dispersion dans lupus monde entier.


    LIVRE 1


    PRÉAMBULE [1]



    SOMMAIRE. – 1-2 - Pourquoi Josèphe a entrepris cet ouvrage. Grandeur du sujet, insuffisance des récits antérieurs. - 3. Erreur de ceux qui rabaissent la résistance des Juifs - 4. Sentiments personnels de l'auteur. – 5. Supériorité de l'historien des faits contemporains sur le compilateur d'histoires anciennes. - 6. Le passé lointain des Juifs ; inutilité d'y remonter. – 7-11. Aperçu sommaire des faits traités dans cet ouvrage. - 12. Sa division, sa sincérité.
    1- [1] La guerre que les Juifs engagèrent contre les Romains est la plus considérable, non seulement de ce siècle, mais, peu s'en faut, de toutes celles qui, au rapport de la tradition, ont surgi soit entre cités. soit entre nations. Cependant parmi ceux qui en ont écrit l'histoire, les uns, n'ayant pas assisté aux événements, ont rassemblé par oui dire des renseignements fortuits et contradictoires, qu'ils ont mis en œuvre a la façon des sophistes; les autres, témoins des faits, les ont altérés par flatterie envers les Romains ou par haine envers les Juifs, et leurs ouvrages contiennent ici un réquisitoire, là un panégyrique, jamais un récit historique exact. C'est pour cela que je me suis proposé de raconter en grec cette histoire, à l'usage de ceux qui vivent sous la domination romaine. traduisant l'ouvrage que j'ai composé auparavant dans ma langue maternelle[2] à l'usage des Barbares de l'intérieur. Mon nom est Josèphe, fils de Matthias, Hébreu de nation[3], originaire de Jérusalem, prêtre : aux débuts j'ai moi-même prispart à la guerre contre les Romains ; les événements ultérieurs, j'y ai assisté par contrainte.
    2. [4] Quand se produisit[4] 3 le grand mouvement dont je viens de parler, les affaires des Romains étaient malades : chez les Juifs, le parti révolutionnaire profita de ces temps troublés pour se soulever[5], jouissant alors de la plénitude de ses forces et de ses ressources ; tel était l'excès des désordres, que les uns conçurent l'espoir de conquérir l'Orient, les autres la crainte d’en être dépouillés. En effet, les Juifs espérèrent que tous ceux de leur race, habitant au delà de l'Euphrate, se révolteraient avec eux : d'autre part, les Romains étaient inquiets de l'attitude des Gaulois, leurs voisins ; la Germanie[6] demeurait point enrepos. Après la mort de Néron, la confusion régnait partout, beaucoup, alléchés par les circonstances, aspiraient au principat ; la soldatesque, séduite par l'espoir du butin, ne rêvait que de changements. - J'ai donc pensé que, s'agissant d'événements si considérables, il était absurde de laisser la vérité s'égarer. Alors que les Parthes, les Babyloniens, les Arabes les plus éloignés, nos compatriotes habitant au delà de l'Euphrate, les Adiabéniens savent exactement, grâce à mes recherches, l'origine de la guerre, les péripéties les douloureuses qui en marquèrent le cours, enfin le dénouement, il ne faut pas que, en revanche, les Grecs et ceux des Romains qui n'ont pas pris part à la campagne continuent à ignorer tout cela parce qu'ils n'ont rencontré que flatteries ou fictions.
    3. [7] Et cependant on ose donner le titre d'histoires à ces écrits qui, à mon avis, non seulement ne racontent rien de sensé. mais ne répondent pas même à l'objet de leurs auteurs. Voilà, en effet, des écrivains, qui. voulant exalter la grandeur des Romains, ne cessent de calomnier et de rabaisser les Juifs : or, je ne vois pas en vérité comment paraîtraient grands ceux qui n’ont vaincu que des petits. Enfin, ils n’ont égard ni à la longue durée de la guerre, ni aux effectifs considérables de cette armée romaine, qui peina durement, ni à la gloire des chefs, dont les efforts et les sueurs devant Jérusalem, Si l'on rabaisse l'importance de leur succès, tombent eux-mêmes dans le mépris [6a].
    4. [9] Cependant je ne me suis pas proposé de rivaliser avec ceux qui exaltent la gloire des Romains en exagérant moi-même celle de mes compatriotes :  je rajoute exactement les faits accomplis par les uns et par les autres :  quant à l'appréciation des événements, je ne pourrai m'abstraire de mes propres sentiments [6b], ni refuser libre cours à ma douleur pour gémir sur les malheurs de ma patrie. Que ce sont, en effet, les factions domestiques qui l'ont détruite, que ce sont les tyrans des Juifs qui ont attiré sur le Temple saint le bras des Romains, contraints et forcés, et les ravages de l'incendie, c’est ce dont Titus César, auteur de cette dévastation, portera lui-même témoignage, lui qui, pendant toute la guerre, eut pitié de ce peuple garrotté par les factieux, lui qui souvent différa volontairement la ruine de la ville, et, en prolongeant le siège, voulut fournir aux coupables l'occasion de se repentir. On pourra critiquer les accusations que je dirige contre les tyrans et leur séquelle de brigands, les gémissements que je pousse sur les malheurs de ma patrie ; on voudra bien pourtant pardonner à ma douleur, fût-elle contraire à la loi du genre historique. Car de toutes les cités soumises aux Romains, c'est la nôtre qui s'est élevée au plus haut degré de prospérité pour retomber dans le plus profond abîme de malheur. En effet, toutes les catastrophes enregistrées depuis le commencement des siècles me paraissent, par comparaison, inférieures aux nôtres[7], et comme ce n'est pas l'étranger qui est responsable de ces misères, il m'a été impossible de retenir mes plaintes. Ai-je affaire à un critique inflexible envers l'attendrissement? Qu'il veuille bien alors faire deux parts de mon ouvrage mettre sur le compte de l'histoire les faits, et sur celui de l'historien les larmes.
    5. [13] Maintenant, comment ne pas blâmer ces Grecs diserts qui, trouvant dans l’histoire contemporaine une série d'événements dont l'importance éclipse complètement celle des guerres de l'antiquité, ne s'érigent pas moins en juges malveillants des auteurs appliqués à l'étude de ces faits, - auteurs aussi inférieurs a leurs critiques par l'éloquence que supérieurs par le jugement - tandis qu'eux-mêmes s'appliquent à récrire l'histoire des Assyriens et des Mèdes sous prétexte que les anciens écrivains l'ont médiocrement racontée? Et pourtant ils le cèdent à ces derniers aussi bien sous le rapport du talent que sous celui de la méthode: car les anciens, sans exception, se sont attachés à écrire l'histoire de leur propre temps, alors que la connaissance directe qu'ils avaient des événements donnait à leur récit la clarté de la vie, alors qu'ils savaient qu'ils se déshonoreraient en altérant la vérité devant un public bien informé. En réalité, livrer à la mémoire des hommes des faits qui n'ont pas encore été racontésrassembler pour la postérité les événements contemporains, est une entreprise qui mérite a coup sûr la louange et l'estime; le vrai travailleur, ce n'est pas celui qui se contente de remanier l'économie et le plan de l'ouvrage d'un autre, mais celui qui raconte des choses inédites et compose avec une entière originalité tout un corps d'histoire. Pour moi, quoique étranger je n'ai épargné ni dépenses ni peines pour cet ouvrage, oùj'offre aux Grecs et aux Romains le souvenir de faits mémorables ; tandis que les Grecs de naissance (7a), si prompts à ouvrir leur bouche et à délier leur langue quand il s'agit de gains et de procès, s'agit-il, au contraire, d'histoire, où il faut dire ta vérité et réunir les faits au prix de grands efforts, les voilà muselés et abandonnant à des esprits médiocres, mal informés, le soin de consigner les actions des grands capitaines. Apportons donc cet hommage à la vérité historique, puisque les Grecs la négligent.
    6. [17] L'histoire ancienne des Juifs, qui ils étaient et comment ils émigrèrent d'Égypte, les pays qu'ils parcoururent dans leur marche errante, les lieux qu'ils occupèrent ensuite, et comment ils en furent déportés, tout ce récit je l'ai jugé inopportun à cette place, et d'ailleurs superflu, car, avant moi, beaucoup de Juifs ont raconté exactement l'histoire de nos pères, et quelques Grecs ont fait passer dans leur langue ces récits, sans altérer sensiblement la vérité[8].C'est donc à l'endroit où cesse le témoignage de ces historiens et de nos prophètes que je fixerai le début de mon ouvrage. Parmi les événements qui suivent je traiterai avec le plus de détail et de soin possibles ceux de la guerre dont je fus témoin; quant a ceux qui précèdent mon temps, je me contenterai d'une esquisse sommaire.
    7. [19] C'est ainsi que je raconterai brièvement comment Antiochus, surnommé Épiphane, après s’être emparé de Jérusalem par la force, occupa la ville trois ans et six mois jusqu'a ce qu'il fut chassé du pays par les fils d'Asmonée : ensuite, comment les descendants des Asmonéens, se disputant le trône, entraînèrent dans leur querelle les Romains et Pompée : comment Hérode, fils d’Antipater, mit fin à leur dynastie avec le concours de Sossius :  comment le peuple, après la mort d’Hérode, fut livré à la sédition sous le principat d'Auguste à Rome. Quintilius Varus étant gouverneur du pays ; comment la guerre éclata la douzième année du principat de Néron, les événements qui se succédèrent sous le gouvernement Cestius, les lieux que dans leur premier élan les Juifs occupèrent de vive force.
    8. [21] Je dirai ensuite comment ils fortifièrent les villes voisines : comment  Néron,   ému des  revers de Ceslius et craignant  une  ruine complète de l’empire, chargea Vespasien de la conduite de la guerre ; comment celui-ci, accompagné de l’aîné de ses fils, envahit le territoire des Juifs ; avec quels effectifs, romains ou alliés, il se répandit dans toute la Galilée[9] ; comment il occupa les villes de cette province, les unes par force, les autres par composition. En  cet endroit de mon livre viendront des renseignements sur la belle discipline des Romains à la guerre, sur l’entraînement de leurs légions, puis sur l’étendue et la nature des deux Galilées, les limites de la Judée et les particularités de ce pays, les lacs, les sources qu’on y trouve ; enfin, pour chaque ville, je raconterai les misères de ceux qui y furent pris, le tout avec exactitude, selon ce que j’ai vu ou souffert moi-même. Car je ne cacherai rien de mes propres infortunes, puisqu’aussi bien je m’adresse à des gens qui les connaissent.
    9. [23] Je raconte ensuite comment, au moment où déjà la situation des Juifs périclitait, Néron mourut, et Vespasien, qui avançait vers Jérusalem, en fut détourné pour aller occuper la dignité impériale ; j’énumère les présages qu’il obtint à ce sujet , les révolutions de Rome, les soldats le saluant malgré lui du titre d’empereur, puis, quand il s’est rendu en Égypte pour mettre ordre dans l'empire, la Judée en proie aux factions, des tyrans surgissant et luttant les uns contre les autres,
    10. [25] Je montre alors Titus quittant l'Égypte et envahissant une seconde fois notre contrée ;  j'explique comment il rassembla ses troupes, en quels lieux, en quel nombre ; dans quel étatà son arrivée, la discorde avait mis la ville ; toutes les attaques de Titus, tous ses travaux d'approche, et, d'autre part, la triple enceinte de nos murailles, leurs dimensions, la force de notre ville, la disposition de l’enceinte sacrée et du Temple, leurs mesures et celles de l'autel, le toutavec exactitude ; je décris quelques rites usités dans nos fêtes, les sept degrés de la pureté[10], les fonctions des prêtres, leurs vêtements et cieux du grand pontife, enfin le sanctuaire du Temple, le tout sans rien omettre, sans rien ajouter aux détails pris sur le fait.
    11. [27] Je dépeins ensuite la cruauté des tyrans contre des compatriotes, contrastant avec les ménagements des Romains a l'égard d'étrangers ; je racontecombien de fois Titus, désirant sauver la ville et le Temple, invita les factions à traiter. Je classerai les souffrances et les misères du peuple, provenant soit de la guerre, soit des séditions, soit de la famine, et qui finirent par les réduire à la captivité. Je n’omettrai ni les mésaventures des déserteurs, ni les supplices infligés aux prisonniers ; je raconterai le Temple incendié malgré César, quels objets sacrés furent arrachés des flammes, la prise de la ville entière, les signes et les prodiges qui précédèrent cet événement ; la capture des tyrans, le grand nombre des captifs vendus à l'encan, les destinées si variées qu’ils rencontrèrent ; puis la manière dont les Romains étouffèrent les dernières convulsions de cette guerre et démolirent les remparts des forteresses, Titus parcourant toute la contrée pour l’organiser, enfin son départ pour l’Italie et son triomphe.
    12. [30] Tel est l’ensemble des événement que je compte raconter et embrasser dans sept livres. Je ne laisserai à ceux qui connaissent les faits et qui ont assisté à, la guerre aucun prétexte de blâme ou d'accusation, - je parle de ceux qui cherchent dans l'histoire la vérité, et non le plaisir. Et je commencerai mon récit par où j'ai commencé le sommaire[11] qu'on vient de lire.


    LIVRE IER
    I
    1. Dissensions entre nobles juifs. Antiochus Epiphane prend Jérusalem et interrompt le culte des sacrifices. - 2-3. Persécution religieuse. Soulèvement de Mattathias. - 4-6. Exploits et mort de Judas Macchabée.
    1[12]. [31] La discorde s'éleva parmi les notables juifs, dans le temps où Antiochus Épiphane disputait la Cœlé-Syrie  à Ptolémée, sixième du nom. C'était une querelle d'ambition et de pouvoir, aucun des personnages de marque ne pouvant souffrir d’être subordonné à ses égaux. Onias, un des grands-prêtres, prit le dessus et chassa de la ville les fils de Tobie : ceux-ci se réfugièrent auprès d’Antiochus et le supplièrent de les prendre pour guides et d'envahir la Judée. Le roi, qui depuis longtemps penchait vers ce dessein, se laisse persuader et, à la tête d'une forte armée, se met en marcheet prend d'assaut la ville[13] ; il y tue un grand nombre des partisans de Ptolémée, livre la ville sans restriction au pillage de ses soldats, et lui-même dépouille le Temple et interrompt durant trois ans et six mois la célébration solennelle des sacrifices quotidiens[14]. Quant au grand-prêtre Onias, réfugié auprès de Ptolémée, il reçut de ce prince un territoire dans le nome d'Héliopolis : là il bâtit une petite ville le plan de Jérusalem et un temple semblable au notre ; nous reparlerons de ces évènements en temps et lieu[15].
    2. [34] Antiochus ne se contenta pas d'avoir pris la ville contre toute espérance, pillé et massacré à plaisir ; entraîné par la violence de ses passions, par le souvenir des souffrances qu'il avait endurées pendant le siège, il contraignit les Juifs, au mépris de leurs lois nationales, à laisser leurs enfants incirconcis et à sacrifier des porcs sur l'autel. Tous désobéissaient à ces prescriptions, et les plus illustres furent égorgés. Bacchidès, qu’Antiochus avait envoyé comme gouverneur militaire[16], exagérait encore par cruauté naturelle les ordres impies du prince ; il ne s’interdit aucun excès d'illégalité, outrageant individuellement les citoyens notables et faisant voir chaque jour à la nation toute entière l'image d'une ville captive, jusqu'à ce qu'enfin l'excès même de ses crimes excitât ses victimes à oser se défendre.
    3[17]. [36] Un prêtre, Matthias[18], fils d'Asamonée, du bourg de Modéin, prit les armes avec sa propre famille, - il avait cinq fils - et tua Bacchidès[19] à coups de poignard ; puis aussitôt, craignant la multitude des garnisons ennemies,il s'enfuit dans la montagne[20]. Là beaucoup de gens du peuple se joignirent à lui ; il reprit confiance, redescendit dans la plaine, engagea le combat, et battit les généraux d'Antiochus, qu'il chassa de la Judée. Ce succès établit sa puissance ; reconnaissants de l'expulsion des étrangers, ses concitoyens l'élevèrent au principat ; il mourut en laissant le pouvoir a Judas, l'aîné de ses fils[21].
    4[22]. [38] Celui ci, présumant qu'Antiochus ne resterait pas en repos, recruta des troupes parmi ses compatriotes. Et, le premier de sa nation, fit alliance avec les Romains[23]. Quand Epiphane envahit de nouveau le territoire juif[24], il le repoussa en lui infligeant 1111 grave échec. Dans la chaleur de sa victoire, il s'élança ensuite contre la garnison de la ville qui n'avait pas encore été expulsée. Chassant les soldats étrangers de la ville haute, il les refoula dans la ville basse, dans celte partie de Jérusalem qu'on nommait Acra. Devenu maître du sanctuaire, il en purifia tout l'emplacement, l'entoura de murailles, fit fabriquer de nouveaux vases sacrés et les introduisit dans le temple, pour remplacer ceux qui avaient été souillés, éleva un autre autel et recommença les sacrifices expiatoires[25], Tandis que Jérusalem reprenait ainsi sa constitution sacrée, Antiochus mourut ; son fils Antiochus hérita de son royaume et de sa haine contre les Juifs[26].
    5[27]. [41] Ayant donc réuni cinquante mille fantassins, environ cinq mille cavaliers et quatre-vingts éléphants[28],il s'élance à travers la Judée vers les montagnes. Il prit la petite ville de Bethsoura[29], mais près du lieu appelé Bethzacharia, où l'on accède par un défilé étroit, Judas, avec toutes ses forces, s'opposa à sa marche. Avant même que les phalanges eussent pris contact, Éléazar, frère de Judas, apercevant un éléphant, plus haut que tous les autres, portant une vaste tour et une armure dorée, supposa qu'il était monté par Antiochus lui-même ; il s'élance bien loin devant ses compagnons, fend la presse des ennemis, parvient jusqu'à l'éléphant ; mais comme il ne pouvait atteindre, en raison de la hauteur, celui qu'il croyait être le roi, il frappa la bête sous le ventre, fit écrouler sur lui cette masse et mourut écrasé. Il n'avait réussi qu'à tenter une grande action et à sacrifier la vie à la gloire, car celui qui montait l'éléphant était un simple particulier ; eût-il été Antiochus, l'auteur de cette audacieuse prouesse n'y eût gagné que de paraître chercher la mort dans la seule espérance d'un brillant succès. Le frère d'Éléazar vit dans cet événement le présage de l'issue du combat tout entier. Les Juifs, en effet, combattirent avec courage et acharnement ; mais l'armée royale, supérieure en nombre et favorisée par la fortune, finit par l’emporter ; après avoir vu tomber un grand nombre des siens, Judas s'enfuit avec le reste dans la préfecture de Gophna[30], Quant à Antiochus, il se dirigea vers Jérusalem, y resta quelques jours, puis s'éloigna à, cause de la rareté des vivres, laissant dans la ville une garnison qu'il jugea suffisante, et emmenant le reste de ses troupes hiverner en Syrie.
    6[31]. [47] Après la retraite du roi, Judas ne resta pas inactif; rejoint par de nombreuses recrues de sa nation, il t'allia les soldats échappés à la défaite, et livra bataille près du bourg d'Adasa aux généraux d'Antiochus[32]. Il fit, dans le combat, des prodiges de valeur, tua un grand nombre d'ennemis, mais périt lui-même[33]. Peu de jours après, son frère Jean tomba dans une embuscade des partisans d'Antiochus et périt également[34].
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 18:58

    II
    I. Principat de Jonathan. - 2. Principat de Simon. - 3-4, Jean Hyrcan contre son beau-frère Ptolémée. – 5. Jean Hyrcan et Antiochus Sidétés. – 6-8. Succès et mérites de Jean Hyrcan.
    1[35]. [48] Jonathas, son frère, qui lui succéda, sut se préserver des embûches des indigènes et affermit son pouvoir par son amitié avec les Romains ; il conclut aussi un accord avec le fils d'Antiochus[36]. Malgré tout, il ne put échapper à son destin. Car le tyran Tryphon, tuteur du fils d'Antiochus, et qui conspirait dès longtemps contre son pupille, s’efforçant de se débarrasser des amis du jeune roi, s'empara par trahison de Jonathas lorsque celui-ci, avec une suite peu nombreuse, fut venu a Ptolémaïs rencontrer Antiochus. Tryphon le charge de fers et part en campagne contre la Judée  ensuite, repoussé par Simon, frère de Jonathas et furieux de sa défaite, il met à mort son captif[37].

    2[38]. [50] Simon, qui conduisit les affaires avec énergie, s'empara de Gazara, de Joppé, de Jamnia, villes du voisinage, et rasa la citadelle (Acra),après avoir réduit la garnison a capituler. Puis il se fit l'allié d'Antiochus[39] contre Tryphon, que le roi assiégeait dans la ville de Dora avant de partir pour son expédition contre les Mèdes. Pourtant, il eut beau collaborer a la perte de Tryphon[40],il ne réussit pas a conjurer l'avidité du roi ; car Antiochus, peu de temps après, envoya Cendébée, son général, avec une armée pour ravager la Judée et s'emparer de Simon. Celui-ci, malgré sa vieillesse,commença la guerre avec une ardeur juvénile ; il envoya en avant ses fils avec les hommes les plus vigoureux contre le général ennemi ; lui-même, prenant une partie des troupes, attaqua sur un autre point. Il posta a diverses reprises des embuscades dans les montagnes et obtint l'avantage dans tous les engagements. Après ce brillant succès, il fut proclamé grand-prêtre et délivra les Juifs de la domination des Macédoniens, qui pesait sur eux depuis cent soixante-dix ans[41].

    3[42]. [54] Il mourut lui-même dans des embûches que lui dressa au cours d'un festin son gendre Ptolémée. Le meurtrier retint prisonniers la femme et deux des fils de Simon, et envoya des gens pour tuer le troisième,Jean, surnommé Hyrcan. Le jeune homme, prévenu de leur approche, se hâta de gagner la ville, ayant toute confiance dans le peuple, qui gardait le souvenir des belles actions de ses ancêtres et haïssait les violences de Ptolémée. Cependant Ptolémée se hâta d'entrer lui aussi par une autre porte ; mais il fut repoussé par le peuple, qui s'était empressé de recevoir Hyrcan. Il se retira aussitôt dans une des forteresses situées au-dessus de Jéricho, nommée Dagon. Hyrcan, succédant à son père dans la grande-prêtrise, offrit un sacrifice à Dieu, puis se lança à la' poursuite de Ptolémée pour délivrer sa mère et ses frères.

    4. [57] Il assiégea la forteresse, mais, supérieur sur tous les points, il se laissa vaincre par son bon naturel. Lorsque Ptolémée se trouvait vivement pressé, il faisait conduire sur la muraille, en un endroit bien visible, la mère et les frères d'Hyrcan, les maltraitait et menaçait de les précipiter en bas si Hyrcan ne s'éloignait sur-le-champ. Devant ce spectacle, la colère d'Hyrcan cédait à la pitié et à la crainte. Mais sa mère, insensible aux outrages et aux menaces de mort, tendait les bras vers lui et le suppliait de ne pas se laisser fléchir par la vue de l'indigne traitement qu'elle endurait, au point d’épargner cet impie : elle préférait à l'immortalité même la mort sous les coups de Ptolémée,pourvu qu'il expiât tous les crimes qu'il avait commis contre leur maison. Jean, quand il considérait la constance de sa mère et entendait ses prières, ne songeait plus qu’à l'assaut ; mais quand il la voyait frapper et déchirer, son cœur s'amollissait, et il était tout entier à sa douleur. Ainsi le siège traîna en longueur, et l'année de repos survint ; car tous les sept ans les Juifs consacrent une année à l'inaction comme ils font du septième jour de la semaine. Ptolémée, délivré alors du siège, tua la mère et les frères de Jean et s'enfuit auprès de Zénon, surnommé Cotylas, tyran de Philadelphie.

    5[43]. [61] Antiochus, irrité du mal que lui avait causé Simon, fit une expédition en Judée, se posta devant Jérusalem et y assiégea Hyrcan. Celui-ci fit ouvrir le tombeau de David, le plus riche des rois, en tira une somme de plus de trois mille talents[44] et obtint d'Antiochus, au prix de trois cents talents, qu'il levât le siège ; avec le reste de cet argent, il commença à payer des troupes mercenaires qu'il fut le premier des Juifs a entretenir.

    6[45]. [62] Plus tard, Antiochus, parti en guerre contre les Mèdes, fournit
    à Hyrcan l'occasion d'une revanche. Celui-ci se jeta alors sur les villes de Syrie, pensant, comme ce fut le cas, qu'il les trouverait dépourvues de défenseurs valides. Il prit ainsi Médabé, Samaga et les villes voisines, puis Sichem et Garizim ; en outre, il soumit la race des Chuthéens, groupée autour du temple bâti à l'instar de celui de Jérusalem. Il s'empara encore de diverses villes d'Idumée, en assez grand nombre, notamment d'Adoréon[46] et de Marisa.

    7[47]. [64] Il s'avança jusqu'à la ville de Samarie, sur l'emplacement de laquelle est aujourd'hui Sébasté, bâtie par le roi Hérode. L'ayant investie de toutes parts, il en confia le siège à ses fils Aristobule et Antigone ; ceux-ci exercèrent une surveillance si rigoureuse que les habitants, réduits à une extrême disette, se nourrirent des aliments les plus répugnants. Ils appelèrent à leur secours Antiochus, surnommé Aspendios[48]. Celui-ci répondit volontiers à leur appel, mais fut vaincu par Aristobule. Poursuivi par les deux frères jusqu'à Scythopolis, il se sauva ; ceux-ci, se retournant ensuite contre Samarie, renfermèrent de nouveau le peuple dans ses murs ; ils prirent la ville, la détruisirent et réduisirent les habitants en esclavage. Poussant leurs succès, sans laisser refroidir leur ardeur, ils s'avancèrent avec leur armée jusqu'à Scythopolis, firent des incursions sur son territoire et livrèrent au pillage tout le pays en deçà du mont Carmel.

    8[49]. [67] Les prospérités de Jean et de ses fils provoquèrent dans le peuple la jalousie, puis la sédition ; un grand nombre de citoyens, après avoir conspiré contre eux, continuèrent à s'agiter jusqu'au jour où leur ardeur les jeta dans une guerre ouverte, où les rebelles succombèrent. Jean passa le reste de sa vie dans le bonheur, et après avoir très sagement gouverné pendant trente-trois ans entiers[50], il mourut en laissant cinq fils. Il avait goûté la véritable félicité, et rien ne permit d'accuser la fortune à son sujet. Il fut le seul a réunir trois grands avantages : le gouvernement de sa nation, le souverain pontificat et le don de prophétie. En effet, Dieu habitait dans son cœur, si bien qu’il n'ignora jamais rien de l'avenir ; ainsi il prévit et annonça que ses deux fils aînés ne resteraient pas maîtres des affaires. Il vaut la peine de raconter leur fin et de montrer combien ils déchurent du bonheur de leur père.
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 18:59

    III [51]
    1. Avènement d’Aristobule. Ses premiers actes. - 2-4. Meurtre de son frère Antigone. - 5. Prédiction de Judas l'Essénien. - 6. Fin d'Aristobule.

    1. [70] Après la mort d'Hyrcan, Aristobule, l'aîné de ses fils, transforma le principat en royauté; il fut le premier à, ceindre le diadème, quatre cent soixante et onze ans[52] et trois mois après que le peuple, délivré de la captivité de Babylone, fut revenu en Judée. Parmi ses frères, il s'associa, avec des honneurs égaux aux siens, le puîné Antigone, pour lequel il paraissait avoir de l'affection ; les autres furent, par son ordre, emprisonnés et chargés de liens. Il fit enchaîner aussi sa mère, qui lui disputait le pouvoir et à qui Jean avait tout légué par testament ; il poussa la cruauté jusqu'à la faire mourir de faim dans sa prison.

    2. [72] Il fut puni de ces iniquités dans la personne de son frère Antigone qu'il aimait et avait associé à la royauté car il le tua lui aussi sur des calomnies que forgeaient de perfides courtisans. Tout d'abord Aristobule avait refusé toute créance à leurs propos, parce qu'il chérissait son frère et attribuait à l'envie la plupart de ces imputations. Mais un jour qu'Antigone revint d'une expédition en un brillant appareil pour assister à la fête solennelle ou l'on élève à Dieu des tabernacles, il se trouva qu'Aristobule était malade en ce temps là. Antigone, à la fin de la solennité, monta au Temple, entouré de ses hommes d'armes, avec la pompe la plus magnifique, et pria Dieu surtout pour son frère. Les méchants coururent alors auprès du roi, lui dépeignirent le cortège d’hoplites, l'assurance d'Antigone trop grande pour un sujet ; ils dirent qu'Antigone revenait avec une très nombreuse armée pour mettre son frère à mort, qu'il ne se résignait pas à n'avoir que les honneurs de la royauté quand il pouvait obtenir le pouvoir lui-nième.

    3. [75] Peu à peu Aristobule ajouta foi malgré lui à ces discours. Préoccupé à la fois de ne pas dévoiler ses soupçons et de se prémunir contre un danger incertain, il fit poster ses gardes du corps dans un souterrain obscur - il demeurait dans la tour nommée d’abord Baris, depuis Antonia - et ordonna d'épargner Antigone, s'il était sans armes, de le tuer,s'il se présentait tout armé. Il envoya même vers lui pour l'avertir de ne pas prendre ses armes. Cependant la reine se concerta très malicieusement avec les perfides, à cette occasion : on persuada aux messagers de taire les ordres du roi et de dire, au contraire, à Antigone que son frère savait qu'il s'était procuré en Galilée de très belles armes et un équipement militaire que la maladie l'empêchait d'aller examiner tout le détail de cet appareil « mais, puisque tu es sur le point de partir, il aurait un très grand plaisir à te voir dans ton armure ».

    4. [77] En entendant ces paroles, comme il n'y avait rien dans les dispositions de son frère qui pût lui faire soupçonner un piège, Antigone revêtit ses armes et partit comme pour une parade. Arrivé dans le passage obscur, appelé la tour de Straton, il y fut tué par les gardes du corps. Preuve certaine que la calomnie brise tous les liens de l'affection et de la nature, et qu'aucun bon sentiment n'est assez fort pour résister durablement a l'envie.

    5. [78] On admirera dans cette affaire la conduite d'un certain Judas, Essénien de race. Jamais ses prédictions n'avaient été convaincues d’erreur ou de mensonge. Quand il aperçut a cette occasion Antigone qui traversait le Temple, il s'écria, en s'adressant a ses familiers, - car il avait autour de lui un assez grand nombre de disciples - : « Hélas ! Il convient désormais que je meure, puisque l'esprit devérité m'a déjà quitté et qu'une de mes prédictions se trouve démentie, Car il vit, cet Antigone, qui devait être tué aujourd’hui. Lelieu marqué pour sa mort était la tour de Straton : elle est a six cents stades d’ici, et voici déjà la quatrième heure du jour le temps écoulé rend impossible l'accomplissement de ma prophétie ». Cela dit, le vieillard resta livré a une sombre méditation ; mais bientôt on vint lui annoncer qu'Antigone avait été tué dans un souterrain appelé aussi tour de Straton, du même nom que portait la ville aujourd'hui appelée Césarée-sur-mer. C'est cette équivoque qui avait troublé le prophète.

    6. [81] Le remords de ce crime aggrava la maladie d'Aristobule. Il se consumait, l'âme sans cesse rongée par la pensée de son meurtre. Enfin cette immense douleur déchirant ses entrailles, il se mit à vomir le sang en abondance ; 0r, comme un des pages de service enlevait ce sang, la Providence divine voulut qu'il trébuchât au lieu où Antigone avait été égorgé et qu'il répandit sur les traces encore visibles de l'assassinat le sang du meurtrier. Les assistants poussèrent une grande clameur, croyant que le page avait fait exprès de répandre là sa sanglante libation. Le roi entend ce bruit et en demande la cause, et comme personne n'ose répondre, il insiste d'autant plus pour savoir. Enfin ses menaces et la contrainte arrachent la vérité. Alors, ses veux se remplissent de larmes, il gémit avec le peu de force qui lui reste et dit : « Ainsi donc je ne devais pas réussir à soustraire mes actions coupables à l’œil puissant de Dieu, et me voici poursuivi par un prompt châtiment pour le meurtre de mon propre sang. Jusques a quand, corps impudent, retiendras-tu mon âme, due a la malédiction d'un frère et d'une mère ? Jusques à quand leur distillerai-je mon sang goutte à goutte ? Qu'ils le prennent donc tout entier et que Dieu cesse de les amuser en leur offrant en libation des parcelles de mes entrailles ». En disant ces mots, il expira soudain après un règne qui n'avait duré qu’un an[53].
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 18:59

    IV

    1. Avènement d'Alexandre Jannée. - 2-4. Premières guerres ; révolte des Juifs. - 5-6. Lutte contre Démétrius l’Intempestif. Atroces exécutions. - 7-8. Dernières guerres. Mort du roi.



    1[54]. [85] La veuve d’Aristobule[55]fit sortir de prison les frères du roi et mit sur le trône l'un d'eux. Alexandre, qui paraissait l'emporter par l'âge et la modération du caractère. Mais a peine arrivé au pouvoir, Alexandre tua l'un de ses frères qui visait au trône; le survivant, qui aimait a vivre loin des affaires publiques, fut traité avec honneur.



    2[56]. [86] Il livra aussi bataille à Ptolémée Lathyre, qui avait pris la ville d’Asochis ; il tua un grand nombre d'ennemis, mais la victoire resta du coté de Ptolémée. Quand celui-ci, poursuivi par sa mère Cléopâtre, s'en retourna en Égypte[57], Alexandre assiégea et prit Gadara et Amathonte, la plus importante des forteresses sises au-delà du Jourdain, et qui renfermait les trésors les plus précieux de Théodore, fils de Zénon. Mais Théodore, survenant à l'improviste, reprit ses biens, s'empara aussi des bagages du roi et tua près de dix mille Juifs. Cependant Alexandre ne se laissa pas ébranler par cet échec; il se tourna vers le littoral et y enleva Raphia, Gaza et Anthédon, ville qui reçut ensuite du roi Hérode le nom d'Agrippias.



    3[58]. [88] Après qu'il eut réduit ces villes en esclavage, les Juifs se soulevèrent à l'occasion d'une fête car c'est surtout dans les réjouissances qu’éclatent chez eux les séditions. Le roi  n'eût pas, ce semble, triomphé de la révolte, sans l'appui de ses mercenaires. Il les recrutait parmi les Pisidiens et les Ciliciens ; car il n'y admettait pas de Syriens, à cause de leur hostilité native contre son peuple. Il tua plus de six mille insurgés, puis s'attaqua à l'Arabie ; il y réduisit les pays de Galaad et de Moab, leur imposa un tribut et se tourna de nouveau contre Amathonte. Ses victoires frappèrent de terreur Théodore ; le roi trouva la place abandonnée et la démantela.



    4. [90] Il attaqua ensuite Obédas, roi d'Arabie, qui lui tendit une embuscade dans la Gaulanitide ; il y tomba et perdit toute son armée, jetée dans un profond ravin et écrasée sous la multitude des chameaux. Alexandre se sauva de sa personne à Jérusalem, et la gravité de son désastre excita a la révolte un peuple qui depuis longtemps le haïssait. Cette fois encore, il fut le plus fort  dans une suite de combats, en six ans, il fit périr au moins cinquante mille Juifs. Ses victoires, qui ruinaient son royaume, ne lui causaient d'ailleurs aucune joie ; il posa donc les armes et recourut aux discours pour tacher de ramener ses sujets. Ceux-ci ne l'en haïrent que davantage pour son repentir et l'inconstance de sa conduite. Quand il voulut en savoir les motifs et demanda ce qu'il devait faire pour les apaiser : « Mourir », lui répondirent-ils, et encore c'est à peine si, à ce prix, ils lui pardonneraient tout le mal qu'il leur avait fait. En même temps, ils invoquaient le secours de Démétrius surnommé l'Intempestif. L'espérance d'une plus haute fortune fit répondre ce prince avec empressement à leur appel ; il amena une armée, et les Juifs se joignirent à leurs alliés près de Sichem.

    5[59]. [93] Alexandre les reçut à la tête de mille cavaliers et de huit mille mercenaires à pied il avait encore autour de lui environ dix mille Juifs restés fidèles. Les troupes ennemies comprenaient trente mille cavaliers et quatorze mille fantassins[60]. Avant d’en venir aux mains, les deux rois cherchèrent par des proclamations à débaucher réciproquement leurs adversaires : Démétrius espérait gagner les mercenaires d'Alexandre, Alexandre les Juifs du parti de Démétrius. Mais comme ni les Juifs ne renonçaient à leur ressentiment, ni les Grecs à la foi jurée, il fallut enfin trancher la question par les armes. Démétrius l'emporta, malgré les nombreuses marques de force d'âme et de corps que donnèrent les mercenaires d'Alexandre. Cependant l'issue finale du combat trompa l'un et l'autre prince. Car Démétrius, vainqueur, se vit abandonné de ceux qui l'avaient appelé :  émus du changement de fortune d'Alexandre, six mille Juifs le rejoignirent dans les montagnes où il s’était réfugié. Devant ce revirement, jugeant que dès lors Alexandre était de nouveau en état de combattre et que tout le peuple retournait vers lui, Démétrius se retira.



    6. [96] Cependant, même après la retraite de ses alliés, le reste de la multitude ne voulut pas traiter : ils poursuivirent sans relâche la guerre contre Alexandre, qui enfin, après en avoir tué un très grand nombre, refoula les survivants dans la ville de Bémésélis[61] ; il s'en empara et emmena les défenseurs enchaînés à Jérusalem. L'excès de sa fureur porta sa cruauté jusqu’au sacrilège. Il fit mettre en croix au milieu de la ville huit cents des captifs et égorger sous leurs yeux leurs femmes et leurs enfants ;  lui-même contemplait ce spectacle en buvant, étendu parmi ses concubines. Le peuple fut saisi d'une teneur si forte que huit mille Juifs, de la faction hostile, s'enfuirent, la nuit suivante, du territoire de la Judée ; leur exil ne finit qu'avec la mort d'Alexandre. Quand il eut par de tels forfaits tardivement et à grand-peine assuré la tranquillité du royaume, il posa les armes.



    7[62]. [99] Son repos fut de nouveau troublé par les entreprises d'Antiochus, surnommé Dionysos, frère de Démétrius et le dernier des Séleucides. Comme  ce  prince partait en guerre contre les Arabes, Alexandre, effrayé de ce projet, tira un fossé profond entre les collines au-dessus d'Antipatris et la plage de Joppé ; devant le fossé il fit élever une haute muraille garnie de tours de bois, de manière à barrer le seul chemin praticable. Cependant il ne put arrêter Antiochus ; celui-ci incendia les tours, combla le fossé, et força le passage avec son armée ; toutefois ajournant la vengeance qu'il eût pu tirer de cette tentative d'obstruction, il s'avança à marches forcées contre les Arabes. Le roi des Arabes, se retirant d'abord vers des cantons plus favorables au combat, fit ensuite brusquement volte-face avec sa cavalerie, forte de dix mille chevaux, et tomba sur l'armée d'Antiochus en désordre. La bataille fut acharnée : tant qu’Antiochus vécut, ses troupes résistèrent, même sous les coups pressés des Arabes, qui les décimaient. Quand il tomba mort, après s’être exposé continuellement au premier rang pour soutenir ceux qui faiblissaient, la déroute devint générale. La plupart des Syriens succombèrent sur le champ de bataille ou dans la retraite  les survivants se réfugièrent dans le bourg de Cana, mais, dépourvus de vivres, ils périrent, à l'exception d'un petit nombre.



    8[63]. [103] Sur ces entrefaites, les habitants de Damas, par haine de Ptolémée, fils de Mennéos, appelèrent Arétas[64] et l'établirent roi de Cœlé-Syrie. Celui-ci fit une expédition en Judée, remporta une victoire sur Alexandre et s'éloigna après avoir conclu un traité. De son côté, Alexandre s'empara de Pella et marcha contre Gerasa, convoitant de nouveau les trésors de Théodore. Il cerna les défenseurs par un triple retranchement et, sans combat, s'empara de la place. Il conquit encore Gaulana, Séleucie et le lieu dit « Ravin d'Antiochus » ; puis il s'empara de la forte citadelle de Gamala, dont il chassa[65] le gouverneur, Démétrius, objet de nombreuses accusations. Enfin il revint en Judée, après une campagne de trois ans. Le peuple l'accueillit avec joie à cause de ses victoires ; mais la fin de ses guerres fut le commencement de sa maladie. Tourmenté par la fièvre quarte, on crut qu'il vaincrait le mal en reprenant le soin des affaires. C'est ainsi que, se livrant à d'inopportunes chevauchées, contraignant son corps à des efforts qui dépassaient ses forces, il hâta son dernier jour. Il mourut dans l'agitation et le tumulte des camps, après un règne de vingt-sept ans[66].
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 19:00

    V
    1-2. Avènement d'Alexandra. Domination des Pharisiens. - 3. Persécution des conseillers de Jannée. Politique étrangère. – 4. Révolte d'Aristobule. Mort d'Alexandra.
    1[67]. [107] Alexandre légua le royaume à sa femme Alexandra, persuadé que les Juifs recevraient son autorité plus favorablement qu'aucune autre, parce que, très éloignée de sa cruauté, elle s'était opposée aux violences du roi, de manière à se concilier l'affection du peuple. Cet espoir ne fut pas trompé, et cette faible femme se maintint au pouvoir, grâce à sa réputation de piété. Elle observait, en effet, exactement, les traditions nationales et ôtait leur charge à ceux qui transgressaient les lois religieuses. Des deux fils qu'elle avait eus d'Alexandre, elle éleva l'aîné, Hyrcan, à la dignité de grand-prêtre, en considération de son âge, et aussi de son caractère, trop indolent pour s'immiscer dans les affaires d'État ; quant au cadet, Aristobule, tempérament bouillant, elle le retint dans une condition privée.
    2. [110] On vit collaborer à son gouvernement les Pharisiens, secte juive qui passe pour être la plus pieuse de toutes et pour interpréter les lois avec le plus d'exactitude. Alexandra leur accorda un crédit particulier dans son zèle passionné pour la divinité. Mais bientôt les Pharisiens s'insinuèrent dans l'esprit confiant de cette femme et gouvernèrent toutes les affaires du royaume, bannissant ou rappelant, mettant en liberté ou en prison selon ce qui leur semblait bon. D'une façon générale, les avantages de la royauté étaient pour eux, les dépenses et les dégoûts pour Alexandra. Elle était d'ailleurs habile à conduire les affaires les plus importantes ; par des levées de troupes continuelles elle parvint à doubler l'effectif de l'armée et recruta des troupes mercenaires en grand nombre, destinées non seulement à tenir en bride son propre peuple [67a], mais encore a se faire craindre des princes étrangers. Cependant, Si elle était la maîtresse des autres, les Pharisiens étaient ses maîtres à leur tour.
    3. [113] C'est ainsi qu'ils firent mourir un homme de marque, Diogène, qui avait été l'ami d'Alexandre ; ils l'accusaient d'avoir conseillé au roi la mise en croix des huit cents Juifs. Ils pressaient aussi Alexandra de frapper d'autres notables qui avaient excité le prince contre ces rebelles. Et comme elle cédait toujours, par crainte religieuse, ils tuaient ceux qu'ils voulaient. Les plus éminents des citoyens, ainsi menacés, cherchèrent un refuge auprès d'Aristobule. Celui-ci conseilla à sa mère d'épargner leur vie en considération de leur rang, mais de les bannir de la cité, si elle les croyait fautifs. Les suspects obtinrent ainsi la vie sauve et se dispersèrent dans le pays[68]. Cependant Alexandra envoya une armée à Damas, sous prétexte que Ptolémée continuait à pressurer la ville ; l’expédition revint sans avoir rien accompli de remarquable. D'autre part, elle gagna par une convention et des présents. Tigrane, roi d'Arménie, qui campait avec ses troupes devant Ptolémaïs et y assiégeait Cléopâtre[69]. Il se hâta de partir, rappelé par les troubles de son royaume, où Lucullus venait de faire invasion.
    4. [117] Sur ces entrefaites Alexandra tomba malade, et Aristobule, le plus jeune de ses fils, saisit l'occasion avec ses amis [69a], qui étaient nombreux et tout dévoués à sa personne, en raison de son naturel ardent. Il s'empara de toutes les places-fortes et, avec l’argent qu'il y trouva, recruta des mercenaires et se proclama roi. Les plaintes d’Hyrcan émurent la compassion de sa mère, qui enferma la femme et les fils d’Aristobule dans la tour Antonia ; c'était une citadelle adjacente au flanc nord du temple, nommée autrefois Baris ; comme je l'ai déjà dit[70], et qui changea de nom au temps de la suprématie d'Antoine, comme Auguste Sébastos et Agrippa donnèrent leur nom aux villes de Sébasté et d'Agrippias. Cependant avant d'avoir eu le temps de faire expier à Aristobule la déposition de son frère, Alexandra mourut après un règne de neufs années[71].
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 19:00

    VI

    1. Hyrcan II abdique en faveur d’Aristobule II. - 2-3. Antipater et Arétas cherchent à rétablir Hyrcan. Intervention de Scaurus . - 4-6. Négociations des deux frères avec Pompée. Sa marche sur Jérusalem.



    1[72]. [120] Hyrcan était l'héritier universel de sa mère, qui lui avait même de son vivant remis le sceptre ; mais il était bien inférieur à Aristobule par la capacité et le courage. Dans la bataille livrée à Jéricho pour décider de l'empire, Hyrcan fut abandonné par la plupart de ses soldats, qui passèrent du côté d'Aristobule ; avec ceux qui lui restèrent il courut chercher un refuge dans la tour Antonia. Il y trouva de précieux otages de son salut, la femme et les et les enfants d’Aristobule ; mais avant d'en venir à des maux irréparables, les deux frères se réconcilièrent à condition qu'Aristobule exercerait la royauté, et que Hyrcan renonçant au pouvoir [72a] jouirait des honneurs dus au frère du roi. Cet accord se fit dans le Temple, en présence du peuple ; ils s'embrassèrent affectueusement et échangèrent leurs demeures ; Aristobule s'établit au palais, et Hyrcan dans la maison d'Aristobule.



    2[73]. [123] Tous les adversaires d'Aristobule furent frappés de crainte devant son triomphe inattendu, mais surtout Antipater, qu'une haine profonde séparait de lui depuis longtemps. Iduméen de naissance, l'éclat de ses ancêtres, ses richesses et d'autres avantages lui donnaient le premier rang dans sa nation. Il persuada Hyrcan de chercher un refuge auprès du roi d'Arabie, Arétas, pour revendiquer ensuite le pouvoir ; en même temps il pressa Arétas d'accueillir Hyrcan et de le rétablir sur le trône ; sans cesse il dénigrait le caractère d'Aristobule et lui faisait l'éloge d'Hyrcan ; ne convenait-il pas au souverain d'un si brillant royaume de prendre en main la défense des opprimés ? or, c’était bien un opprimé, puisqu'il était dépouillé d'un trône que lui conférait son droit d'aînesse. Après avoir ainsi travaillé l'un et l'autre, Antipater, une nuit, enlève Hyrcan de Jérusalem et s'évade avec lui ; courant sans relâche, il parvient jusqu'à la ville de Pétra, capitale du royaume d'Arabie. Là, il remet Hyrcan aux mains d'Arétas et, à force de prières et de présents, il gagne ce prince et le décide à fournir les forces nécessaires pour rétablir Hyrcan. Arétas arma, tant fantassins que cavaliers, cinquante mille hommes[74]. Aristobule ne put résister ; vaincu dès la première rencontre, il s’enferma dans Jérusalem. La ville allait être emportée de vive force, lorsque Scaurus, général romain, survenant dans cette situation critique, fit lever le siège. Envoyé d'Arabie en Syrie par le grand Pompée, qui était alors en guerre avec Tigrane, il avait atteint Damas, où il trouva Metellus et Lollius qui venaient de s'en emparer[75], il les fit partir [75a], et, apprenant les événements de Judée, se rendit en toute hâte dans ce pays pour profiter d'une telle aubaine.



    3. [128] Quand il fut arrivé sur le territoire juif, les deux frères lui adressèrent aussitôt des députés, chacun d'eux implorant son secours. Trois cents talents[76], offerts par Aristobule, l’emportèrent sur la justice ; à peine Scaurus les eut-il reçus qu’il envoya un héraut à Hyrcan et aux Arabes, les menaçant, s’ils ne levaient pas le siège, de la colères des Romains et de Pompée. Arétas, frappé de terreur, évacua la Judée et se retira à Philadelphie, pendant que Scaurus retournait à Damas. Aristobule, non content de son propre salut, ramassa toutes ses troupes, poursuivit les ennemis, les attaqua non loin du lieu dit Papyrôn, et en tua plus de six mille ; parmi les morts se trouvait le frère d'Antipater, Phallion.

    4[77]. [131] Privés du secours des Arabes, Hyrcan et Antipater tournèrent leurs espérances du côté opposé. Quand Pompée, abordant la Syrie, fut arrivé à Damas[78], ils cherchèrent un refuge auprès de lui ; outre des présents[79], ils apportaient encore pour leur défense les mêmes raisons dont ils s'étaient servis auprès d’Arétas, suppliant Pompée de détester la violence d'Aristobule et de ramener sur le trône celui que son caractère et son âge en rendaient digne. Cependant Aristobule ne montra pas moins d'empressement ; le succès de ses dons à Scaurus lui donnait confiance, et il parut devant Pompée dans l'appareil le plus magnifiquement royal. Toutefois, méprisant la bassesse et ne souffrant pas de se laisser imposer, même par intérêt, une servilité indigne de son rang, il partit brusquement de la ville de Dion[80].



    5. [133] Irrité de cette conduite et cédant aux supplications d'Hyrcan et de ses amis, Pompée marcha en hâte contre Aristobule, prenant avec lui les troupes romaines et un fort contingent d'auxiliaires syriens. Il avait dépassé Pella et Scythopolis et atteint Corées, où commence le territoire de Judée pour ceux qui se dirigent vers l'intérieur, lorsqu'il apprit qu'Aristobule s'était enfui à Alexandrion, place somptueusement fortifiée et située sur une haute montagne ; il lui envoya par des messagers l'ordre d'en descendre. Aristobule, devant cette invitation trop impérieuse, était disposé à risquer le combat plutôt que d'obéir, mais il voyait la multitude effarée, ses amis le pressaient de considérer la puissance invincible des Romains. Il se laissa persuader et descendit auprès de Pompée ; puis, après avoir justifié longuement devant lui son titre royal, il remonta dans son château. Il en sortît une seconde fois sur l'invitation de son frère, plaida sa cause contradictoirement avec lui, puis repartit sans que Pompée y mît obstacle. Balancé entre l'espérance et la crainte, tantôt il descendait dans l'espoir d'émouvoir Pompée et de le décider à lui livrer le pouvoir, tantôt il remontait dans sa citadelle, craignant de ruiner son propre prestige. Enfin Pompée lui intima l'ordre d'évacuer ses forteresses, et comme il savait qu'Aristobule avait enjoint aux gouverneurs de n'obéir qu'a des instructions écrites de sa main, il le contraignit de signifier à chacun d'eux un ordre d'évacuation ; Aristobule exécuta ce qui lui était prescrit, mais, pris d'indignation, il se retira a Jérusalem pour préparer la guerre contre Pompée.



    6. [138] Alors celui-ci, sans lui laisser de temps pour ses préparatifs, le suivit à la piste. Ce qui hâta encore plus sa marche, ce fut la nouvelle de la mort de Mithridate ; il l'apprit près de Jéricho, la contrée la plus fertile de toute la Judée, qui produit en abondance le palmier et le baumier ; pour recueillir le baume, on pratique dans les troncs avec des pierres tranchantes des incisions qui le laissent distiller goutte à goutte. Après avoir campé dans cette localité une seule nuit, Pompée dès l'aurore s'avança rapidement contre Jérusalem. Epouvanté à son approche, Aristobule se présente en suppliant, et par la promesse qu'il lui fait de livrer la ville et sa propre personne, il adoucit la colère de Pompée. Cependant il ne put exécuter aucun de ses engagements, car lorsque Gabinius, envoyé pour prendre livraison de l'argent, se présenta, les partisans d'Aristobule refusèrent même de l'admettre dans la ville.
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 19:01

    VII

    1-3.  Siège de Jérusalem par Pompée. - 4-6. Prise du Temple et massacres. Hyrcan redevient grand-prêtre. La Judée tributaire. - 7. Distribution des territoires enlevés aux Juifs. Aristobule emmené captif à Rome.



    1[81]. [141] Indigné de ces procédés, Pompée retint sous bonne garde Aristobule et se dirigea vers la ville pour examiner de quel côté il pouvait l'attaquer. Il observa que la solidité des murailles les rendait inabordables,  qu'elles étaient précédées d’un ravin d'une  profondeur effrayante, que le Temple ceint par ce ravin était lui-même très solidement fortifié et pouvait fournir, après la prise de la ville, une seconde ligne de défense aux ennemis.



    2. [142] Pendant que son indécision se prolongeait, la sédition éclata dans Jérusalem ; les partisans d'Aristobule voulaient combattre et délivrer le roi, ceux d'Hyrcan conseillaient d'ouvrir les portes à Pompée ; ce dernier parti était grossi par la crainte qu'inspirait le bel ordre de l'armée romaine. Le parti d'Aristobule, ayant le dessous, se retira dans le Temple, coupa le pont qui le joignait à la ville et se prépara à lutter jusqu'au dernier souffle. Le reste de la population reçut les Romains dans la ville et leur livra le palais royal. Pompée envoya des troupes pour l'occuper, sous la conduite d'un de ses lieutenants, Pison ; celui-ci distribua des postes dans la ville, et comme il ne put, par ses discours, amener à composition aucun de ceux qui s'étaient réfugiés dans le Temple, il disposa pour l'attaque tous les lieux d'alentour ; dans ce travail Hyrcan et ses amis l'assistèrent avec zèle de leurs conseils et de leurs bras.



    3. [145] Pompée lui-même combla sur le flanc Nord le fossé et tout le ravin, en faisant apporter des matériaux par l'armée. Il était difficile de remplir cette immense profondeur, d'autant plus que les Juifs, du haut du Temple, s'efforçaient par tous les moyens d'écarter les travailleurs. Les efforts des Romains fussent restés infructueux, si Pompée n'avait profité du septième jour de la semaine, ou, par religion, les Juifs s’abstiennent de tout travail manuel ; il parvint ainsi à élever le remblai, en interdisant cependant aux soldats tout acte d'hostilité ouverte, car le jour dit Sabbat, les Juifs ont le droit de défendre leur vie, mais rien de plus. Le ravin une fois comblé, Pompée dressa sur le remblai de hautes tours, fit avancer les machines amenées de Tyr, et les essaya contre les murailles. Des balistes faisaient reculer ceux qui d'en haut s'opposaient aux progrès des Romains. Cependant les tours des assiégés, qui étaient, dans ce secteur, d'une grandeur et d'un travail remarquables, résistèrent très longtemps.



    4. [148] Pendant que les Romains supportaient des fatigues épuisantes, Pompée eut occasion d'admirer en général l'endurance des Juifs et surtout la constance avec laquelle ils ne négligeaient aucun détail du culte, même enveloppés d'une grêle de traits. Comme si une paix profonde régnait dans la cité, les sacrifices, les purifications de chaque jour, tous les détails du culte s'accomplissaient exactement en l'honneur de Dieu ;i le jour même de la prise du Temple, quand on les massacrait auprès de l'autel, les Juifs n'interrompirent pas les cérémonies journalières prescrites par la loi. Ce fut le troisième mois du siège[82] que les Romains, ayant réussi à grand-peine à renverser une des tours, s'élancèrent dans le Temple. Le premier qui osa franchir le mur fut le fils de Sylla, Faustus Cornelius ; après lui vinrent deux centurions, Furius et Fabius. Suivis chacun de leur troupe, ils cernèrent de toutes parts les Juifs et les taillèrent en pièces, soit qu'ils cherchassent un refuge dans l'enceinte sacrée, soit qu'ils opposassent quelque résistance.



    5. [150] Alors bon nombre de prêtres, voyant les ennemis s'élancer le glaive à ta main, demeurèrent impassibles dans l'exercice de leur ministère et se laissèrent égorger, tandis qu'ils offraient les libations et l'encens ; ils mettaient ainsi le culte de la divinité au-dessus de leur propre salut. La plupart furent massacrés par leurs concitoyens de la faction adverse ou se jetèrent en foule dans les précipices ; quelques-uns, se voyant perdus sans ressources, brûlèrent dans leur fureur les constructions voisines de l'enceinte et s'abîmèrent dans les flammes. Il périt en tout douze mille Juifs; les Romains eurent très peu de morts, mais un assez grand nombre de blessés.



    6. [152] Dans ce déluge de calamités, rien n'affligea aussi vivement la nation que de voir dévoilé au regard des étrangers le lieu saint, jusque-là invisible. Pompée entra, en effet, avec sa suite dans le sanctuaire, dans la partie ou seul le grand-prêtre avait le droit de pénétrer ; il y contempla les objets sacrés : le candélabre, les lampes, la table, les vases à libations, les encensoirs, le tout en or massif, quantité d'aromates accumulés et le trésor sacré, riche d'environ deux mille talents. Cependant il ne toucha ni ces objets ni rien autre du mobilier sacré, et, le lendemain de la prise du Temple, il ordonna aux gardiens de purifier l'enceinte sacrée et de recommencer les sacrifices accoutumés. Il réintégra  Hyrcan dans ses fonctions de grand-prêtre, parce qu'il lui avait témoigné beaucoup de zèle pendant le siège et surtout avait détaché nombre d'habitants de la campagne, qui désiraient prendre les armes pour Aristobule ; grâce a cette conduite digne d'un sage général, il gagna le peuple. par la bienveillance plutôt que par la terreur. Parmi les prisonniers se trouvait le beau-père d'Aristobule, qui était en même temps son oncle[83]. Ceux des captifs qui avaient le plus activement favorisé la guerre furent condamnés à périr sous la hache. Faustus et ceux qui s'étaient avec lui distingués par leur valeur obtinrent de brillantes récompenses ; le pays et Jérusalem furent frappés d'un tribut.



    7. [155] Pompée enleva aux Juifs toutes les villes de Cœlé-Syrie que ce peuple avait conquises, plaça ces villes sous l'autorité du gouverneur romain préposé à cette région, et renferma ainsi les Juifs dans leurs propres limites. Il releva de ses ruines la ville de Gadara, détruite par les Juifs, pour complaire à l'un de ses affranchis, Démétrius, qui était de Gadara. Il affranchit aussi du joug des Juifs les villes de l'intérieur, qu'ils n'avaient pas eu le temps de ruiner, Hippos, Scythopolis, Pella[84], Samarie, Marissa, puis encore Azotos, Jamnée, Aréthuse, et, sur le littoral, Gaza, Joppé, Dora, et la ville qu'on appelait jadis Tour de Straton et qui, plus tard, réédifiée et ornée de constructions splendides par Hérode, prit le nom nouveau de Césarée. Toutes ces villes, restituées à leurs légitimes habitants, furent rattachées à la province de Syrie. Il la confia, avec la Judée et tout le pays jusqu'à l'Égypte et l'Euphrate, à l’administration de Scaurus, qui commanda deux légions ; lui-même se hâta vers Rome à travers la Cilicie, emmenant prisonniers Aristobule et sa famille. Ce prince avait deux filles et deux fils, dont l'aîné, Alexandre, s'évada en route ; le cadet, Antigone, et ses sœurs furent conduits à Rome.
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    VIII



    1. Scaurus contre Arétas. - 2-5, Gouvernement de Gabinius. Révolte et défaite d'Alexandre. Constitution aristocratique octroyée à la Judée. - 6. Révolte et défaite d'Aristobule. - - 7. Nouvelle tentative d'Alexandre. – 8-9. Crassus et Cassius. Pillage du Temple. Puissance d'Antipater.



    1[85]. [159] Cependant Scaurus avait envahi l'Arabie. Les difficultés du terrain le firent échouer devant Pétra ; il se mit alors à ravager le territoire environnant, mais il en résulta pour lui de nouvelles et graves souffrances, car son armée fut réduite à la disette. Hyrcan la soulagea, en faisant amené des vivres par Antipater. Comme celui-ci avait des relations d'amitié avec Arétas, Scaurus l'envoya auprès de ce roi pour le décider à acheter la paix. L'Arabe se laissa persuader : il donna trois cents talents à ces conditions, Scaurus évacua l'Arabie avec son armée.



    2[86]. [160] Alexandre, celui des fils d'Aristobule qui s'était échappé des mains de Pompée, avait peu a peu rassemblé des troupes considérables et causait de graves ennuis à Hyrcan en parcourant la Judée. On pouvait croire qu'il renverserait bientôt ce prince ; déjà même, s'approchant de la capitale, il poussait la hardiesse jusqu'a vouloir relever les murs de Jérusalem détruits par Pompée[87]. Heureusement Gabinius, envoyé en Syrie comme successeur de Scaurus[88], se distingua par divers actes d'énergie et marcha contre Alexandre. Celui-ci, pris de crainte à son approche, réunit une grosse armée - dix mille fantassins et quinze cents cavaliers - et fortifia les places avantageusement situées d'Alexandreion, d'Hyrcaneion et de Machérous, près des montagnes d'Arabie.



    3. [162] Gabinius lança en avant Marc Antoine avec une partie de son armée ; lui-même suivit avec le gros. Le corps d'élite que conduisait Antipater et le reste des troupes juives sous Malichos et Pitholaos firent leur jonction avec les lieutenants de Marc Antoine ; tous marchèrent ensemble à la rencontre d'Alexandre. Peu de temps après survint Gabinius lui-même avec la lourde infanterie. Sans attendre le choc de toutes ces forces réunies, Alexandre recula ; il approchait de Jérusalem quand il fut forcé d'accepter le combat ; il perdit dans la bataille six mille hommes, dont trois mille morts et trois mille prisonniers, et s'enfuit avec le reste à Alexandreion.



    4. [164] Gabinius le poursuivit jusqu'a cette place. Il trouva un grand nombre de soldats campés devant les murs ; il leur promit le pardon, essayant de les gagner avant le combat. Mais comme leur fierté repoussait tout accommodement, Gabinius en tua beaucoup et rejeta le reste dans la forteresse. Ce fut dans ce combat que se distingua le général Marc Antoine ; il montra toujours et partout sa valeur, mais jamais elle ne fut si éclatante. Laissant un détachement pour réduire la garnison, Gabinius parcourut lui-même la contrée, réorganisant les villes qui n'avaient pas été dévastées, relevant celles qu'il trouva en ruines. Ainsi se repeuplèrent, d'après ses ordres, Scythopolis, (Samarie), Anthédon,  Apollonia, Jamnée, Raphia, Marisa, Adoréos[89], Gamala, Azotos, et d'autres encore ; partout les colons affluaient avec empressement.



    5. [167] Cette opération terminée, Gabinius revint contre Alexandreion et pressa le siège avec tant de vigueur qu'Alexandre, désespérant du succès, lui envoya un héraut : il demandait le pardon de ses fautes et livrait les places qui lui restaient, Hyrcancion et Machérous ; enfin il remit Alexandreion même. Gabinius, sur les conseils de la mère d'Alexandre, détruisit de fond en comble toutes ces places, pour qu'elles ne pussent servir de base d'opération dans une nouvelle guerre. Cette princesse demeurait auprès de Gabinius, qu'elle cherchait à se concilier par sa douceur, craignant pour les prisonniers de Rome, son époux et ses autres enfants. Ensuite Gabinius ramena Hyrcan a Jérusalem, lui confia la garde du Temple et remit le reste du gouvernement entre les mains des grands. Il divisa tout le pays en cinq ressorts dont les sénats[90] devaient siéger respectivement à Jérusalem, à Gazara, à Amathonte, à Jéricho, et à Sepphoris, ville de Galilée. Les Juifs, délivrés de la domination d'un seul, accueillirent avec joie le gouvernement aristocratique.



    6[91]. [171] Peu de temps après, Aristobule lui-même s'échappa de Rome et suscita de nouveaux troubles. Il rassembla un grand nombre de Juifs, les uns avides de changement, les autres depuis longtemps dévoués à sa personne. Il s'empara d'abord d'Alexandreion et commençait à en relever les murs, quand Gabinius envoya contre lui une armée commandée par Sisenna, Antoine et Servilius[92] ; à cette nouvelle, il se réfugia à Machérous, renvoya la foule des gens inutiles et ne retint que les hommes armés au nombre de huit mille environ ; parmi eux se trouvait Pitholaos, qui commandait en second a Jérusalem et avait fait défection avec mille hommes. Les Romains le suivirent à la piste. Dans la bataille qui se livra, les soldats d'Aristobule résistèrent longtemps et combattirent avec courage ; mais enfin, ils furent enfoncés par les Romains : cinq mille hommes tombèrent, deux mille environ se réfugièrent sur une éminence ; les mille qui restaient, conduits par Aristobule, se frayèrent un chemin à travers l'infanterie romaine et se jetèrent dans Machérous. Le roi campa le premier soir sur les ruines de cette ville, nourrissant l'espoir de rassembler une autre armée, si la guerre lui en laissait le temps, et élevant autour de la place de méchantes [92a] fortifications ; mais quand les Romains l'attaquèrent, après' avoir résisté pendant deux jours au-delà de ses forces, il fut pris. On l'amena, chargé de fers, auprès de Gabinius, avec son fils Antigone qui s'était enfui de Rome avec lui. Gabinius le renvoya de nouveau à Rome. Le Sénat retint Aristobule en prison, mais laissa rentrer [92b] ses enfants en Judée, car Gabinius expliqua dans ses lettres qu’il avait accordé cette faveur à la femme d'Aristobule en échange de la remise des places-fortes[93].



    7[94]. [175] Comme Gabinius allait entreprendre une expédition contre les Parthes, il fut arrêté dans ce dessein par Ptolémée[95]. Des bords de l'Euphrate; il descendit vers l'Egypte. Il trouva, pendant cette campagne, auprès d'Hyrcan et d'Antipater toute l'assistance nécessaire. Argent, armes, blé, auxiliaires, Antipater lui fit tout parvenir ; il lui gagna aussi les juifs de cette région, qui gardaient les abords de Péluse, et leur persuada de livrer passage aux Romains. Cependant le reste de la Syrie profita du départ de Gabinius pour s’agiter. Alexandre, fils d'Aristobule, souleva de nouveau les juifs ; il leva une armée très considérable et fit mine de massacrer tous les Romains du pays. Ces événements inquiétèrent Gabinius, qui, à la nouvelle des troubles, s'était hâté de revenir d'Égypte : il envoya Antipater auprès de quelques-uns des mutins et les fit rentrer dans le devoir. Mais il en resta trente mille avec Alexandre, qui brûlait de combattre. Gabinius marcha donc au combat ; les Juifs vinrent à sa rencontre, et la bataille eut lieu près du mont Itabyrion ; dix mille Juifs périrent, le reste se débanda. Gabinius retourna à Jérusalem et y réorganisa le gouvernement sur les conseils d’Antipater. De là il partit contre les Nabatéens qu'il vainquit en bataille rangée ; il renvoya aussi secrètement deux exilés Parthes, Mithridate et Orsanès, qui s'étaient réfugiés auprès de lui, tout en déclarant devant les soldats qu'ils s'étaient évadés[96].



    8[97]. [179] Cependant Crassus vint pour lui succéder dans le gouvernement de la Syrie. Avant d'entreprendre son expédition contre les Parthes, il mit la main sur l'or que renfermait le Temple de Jérusalem et emporta même les deux mille talents auxquels Pompée n'avait pas touché. Il franchit l'Euphrate et périt avec toute son armée ; mais ce n'est pas le lieu de raconter ces événements.



    9. [180] Après la mort de Crassus, les Parthes s'élançaient pour envahir la Syrie mais Cassius, qui s'était réfugié dans cette province, les repoussa. Ayant ainsi sauvé la Syrie, il marcha rapidement contre les Juifs, prit Tarichées, où il réduisit trente mille Juifs en esclavage, et mit à mort Pitholaos, qui cherchait à réunir les partisans d'Aristobule : c'est Antipater qui lui conseilla cette exécution. Antipater avait épousé Kypros, femme d'une noble famille d'Arabie ; quatre fils naquirent de ce mariage - Phasaël, Hérode, qui fut roi, Joseph, Phéroras - et une fille, Salomé. Il s'était attaché les puissants de partout par les liens de l'amitié et de l'hospitalité ; il avait gagné surtout la faveur du roi des Arabes, par son alliance matrimoniale, et c'est à lui qu'il confia ses enfants quand il engagea la guerre contre Aristobule. Cassius, après avoir contraint par un traité Alexandre à se tenir en repos, se dirigea vers l'Euphrate pour empêcher les Parthes de franchir le fleuve ; ce sont des évènements dont nous parlerons ailleurs[98].
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 19:02

    IX
    1-2. Mort d'Aristobule et d'Alexandre. - 3-5. Services rendus par Antipater à César en Égypte.

    1[99]. [183] Quand Pompée se fut enfui avec le sénat romain au-delà de la mer Ionienne[100], César, maître de Rome et de l'Empire mit en liberté Aristobule. Il lui confia deux légions et le dépêcha en Syrie, espérant, par son moyen, s'attacher facilement cette province et la Judée. Mais la haine prévint le zèle d'Aristobule et les espérances de César. Empoisonné par les amis de Pompée, Aristobule resta, pendant longtemps, privé de la sépulture dans la terre natale. Son cadavre fut conservé dans du miel, jusqu'au jour où Antoine l'envoya aux Juifs pour être enseveli dan s le monument de ses pères.

    2. [185] Son fils Alexandre péril aussi à cette époque : Scipion[101] le fit décapité à Antioche, sur l'ordre de Pompée, après l'avoir fait accuser devant son tribunal pour les torts qu'il avait causés aux Romains. Le frère et les sœurs d'Alexandre reçurent l'hospitalité de Ptolémée, fils de Mennæos, prince de Chalcis dans le Liban. Ptolémée leur avait envoyé à Ascalon son fils Philippion, ci celui-ci réussit à enlever à la femme d'Aristobule, Antigone et les princesses, qu'il ramena auprès de son père. Épris de la cadette, Philippion l'épousa, mais ensuite son père le tua pour cette même princesse Alexandra, qu'il épousa à son tour. Depuis ce mariage il témoigna au frère et à la sœur beaucoup de sollicitude.

    3[102]. [187] Antipater, après la mort de Pompée[103], changea de parti et fit la cour à César. Quand Mithridate de Pergame, conduisant une armée en Égypte, se vit barrer le passage de Péluse et dut s'arrêter à Ascalon, Antipater persuada aux Arabes dont il était l'hôte de lui prêter assistance ; lui-même rejoignit Mithridate avec trois mille fantassins juifs armés. Il persuada aussi les personnages les plus puissants de Syrie de seconder Mithridate, à savoir[104] Ptolémée du Liban et Jamblique. Par leur influence les villes de la région contribuèrent avec ardeur a cette guerre. Mithridate, puisant une nouvelle confiance dans les forces amenées par Antipater, marcha sur Péluse et, comme on refusait de le laisser passer, assiégea la ville. A l'assaut, Antipater s'acquit une gloire éclatante ; car il fit une brèche dans la partie de la muraille en face de lui et, suivi de ses soldats, s'élança le premier dans la place.

    4. [190] C'est ainsi que Péluse fut prise. L'armée, en continuant sa marche, fut encore arrêtée par les Juifs égyptiens qui habitaient le territoire dit d'Onias. Cependant Antipater sut les persuader, non seulement de ne faire aucune résistance, mais encore de fournir des subsistances à l'armée. Dès lors ceux de Memphis[105] ne résistèrent pas davantage et se joignirent de leur plein gré à Mithridate. Celui-ci, qui avait fait le tour du Delta, engagea le combat contre le reste des Égyptiens au lieu appelé « camp des Juifs ». Dans cet engagement, il courait de grands risques avec toute son aile droite, quand Antipater, en longeant le fleuve, vint le dégager ; car celui-ci, avec l'aile gauche, avait battu les ennemis qui lui étaient opposés ; tombant alors sur ceux qui poursuivaient Mithridate, il en tua un grand nombre et poussa si vivement le reste qu'il s'empara de leur camp. Il ne perdit que quatre-vingts[106] des siens ; Mithridate dans sa déroute en avait perdu huit cents. Sauvé contre son espérance, Mithridate porta auprès de César un témoignage sincère de la brillante valeur d’Antipater.

    5. [193] César, par ses louanges et par ses promesses, stimula Antipater à courir de nouveaux dangers pour son service. Il s'y montra le plus hardi des soldats, et, souvent blessé, portait presque sur tout son corps les marques de son courage. Puis, quand César eut mis ordre aux affaires d'Égypte et regagna la Syrie, il honora Antipater du titre de citoyen romain et de l'exemption d'impôts. Il le combla aussi de témoignages d'honneur et de bienveillance, qui firent de lui un objet d'envie ; c'est aussi pour lui complaire que César confirma Hyrcan dans sa charge de grand-prêtre.
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 19:02

    X

    1-3. Plaintes d'Antigone contre Antipater ; César décide en faveur de ce dernier. - 4. Antipater gouverne la Judée sous le nom d'Hyrcan. - 5-9. Exploits, procès, exil et retour d'Hérode. - 10. Guerre d'Apamée.



    4[107]. [195] Vers le même temps se présenta devant César Antigone, fils d'Aristobule, et son intervention eut pour effet inattendu d'avancer la fortune d'Antipater. Antigone aurait dû se contenter de pleurer sur la mort de son père, empoisonné, semble-t-il, à cause de ses dissentiments avec Pompée, et de flétrir la cruauté de Scipion envers son frère, sans mêler à ses plaintes aucun sentiment de haine. Loin de là, il osa encore venir en personne accuser Hyrcan et Antipater : ils l'avaient, disait-il, au mépris de tout droit, chassé, lui, ses frères et sœurs, de toute leur terre natale ; ils avaient, dans leur insolence, accablé le peuple d'injustices ; s'ils avaient envoyé des secours en Égypte, ce n'était pas par bienveillance pour César, mais par crainte de voir renaître de vieilles querelles et pour se faire pardonner leur amitié envers Pompée.



    2. [197] En  réponse, Antipater, arrachant ses vêtements. montra ses nombreuses cicatrices. « Son affection pour César, dit-il, point n'est besoin de la prouver par des paroles ; tout son corps la crie, gardât-il il le silence. Mais l'audace d'Antigone le stupéfait. Quoi ! le fils d'un ennemi des Romains, d'un fugitif de Rome, lui qui a hérité de son père l’esprit de révolution et de sédition, ose accuser les autres devant le général romain et s'efforce d'en obtenir quelque avantage, quand il devrait s'estimer heureux d'avoir la vie sauve !  D'ailleurs, s'il recherche le trône, ce n'est pas le besoin qui l'y pousse ; ce qu'il désire plutôt, c'est de pouvoir, présent de sa personne, semer la sédition parmi les Juifs et user de ses ressources contre ceux qui les lui ont fournies ».



    3. [199] Après avoir entendu ce débat, César déclara qu'Hyrcan méritait mieux que tout autre le grand pontificat et laissa à Antipater le droit de choisir la dignité qu'il voudrait. Celui-ci déclara s'en rapporter à son bienfaiteur du soin de fixer l'étendue du bienfait ; il fut alors nommé procurateur de toute la Judée. Il obtint de plus l'autorisation de d'élever les murailles détruites de sa patrie. César expédia ces décisions à Rome pour être gravées au Capitole comme un monument de sa propre justice et du mérite d'Antipater.



    4[108]. [201] Antipater, après avoir accompagné César jusqu'aux frontières de Syrie, revint à Jérusalem. Son premier soin fut de relever les murs de la capitale, que Pompée avait abattus, et de parcourir le pays pour apaiser les troubles, usant tour a tour de menaces et de conseils. En s'attachant à Hyrcan, disait-il, ils vivront dans l'abondance et dans la tranquillité et jouiront de leurs biens au sein de la paix commune ; s'ils se laissent, au contraire, séduire par les vaines promesses de gens qui, dans l'espoir d'un avantage personnel, trament des changements, ils trouveront dans Antipater un maître au lieu d'un protecteur, dans Hyrcan un tyran au lieu d'un roi, dans les Romains et dans César des ennemis au lieu de chefs et d'amis ; car ceux-ci ne laisseront pas chasser du pouvoir celui qu'ils y ont eux-mêmes installé. En même temps, il s'occupa lui-même d'organiser le pays car il ne voyait chez Hyrcan qu'inertie et faiblesse indignes d'un roi[109]. Il donna à son fils aîné Phasaël le gouvernement de Jérusalem et des alentours ; il envoya Hérode, le second, avec des pouvoirs égaux en Galilée, malgré son extrême jeunesse.



    5. [204] Hérode, doué d'un naturel entreprenant, trouva bientôt matière à son énergie. Un certain Ezéchias, chef de brigands, parcourait à la tète d'une grosse troupe les confins de la Syrie ; Hérode s'empara de sa personne et le mit à mort avec un bon nombre de ses brigands. Ce succès fit le plus grand plaisir aux Syriens. Dans les bourgs, dans les villes, les chansons célébraient Hérode comme celui qui assurait par sa présence la paix et leurs biens. Cet exploit le fit aussi connaître à Sextus César, parent du grand César et gouverneur de Syrie. Phasaël, de son côté, par une noble émulation, rivalisait avec le bon renom de son frère ; il sut se concilier la faveur des habitants de Jérusalem et gouverner en maître la ville sans commettre aucun excès fâcheux d'autorité. Aussi le peuple courtisait Antipater comme un roi : tous lui rendaient des honneurs comme s'il eût été le maître absolu ; cependant il ne se départit jamais de l'affection ni de la fidélité qu'il devait à Hyrcan.



    6. [208] Mais il est impossible dans la prospérité d'éviter l'envie. Déjà Hyrcan se sentait secrètement mordu par la gloire de ces jeunes gens ; c'étaient surtout les succès d'Hérode qui l'irritaient, c'étaient les messagers se succédant sans relâche pour raconter ses hauts faits. Il ne manquait pas non plus de médisants à la cour, pour exciter les soupçons du prince, gens qui avaient trouvé un obstacle dans la sagesse d'Antipater ou de ses fils. Hyrcan, disaient-ils, avait abandonné à Antipater et à ses fils la conduite des affaires ; lui-même restait inactif, ne gardant que le titre de roi sans pouvoir effectif. Jusqu'à quand persévérerait il dans son erreur de nourrir des rois contre lui ? Déjà ses ministres ne se contentent plus du masque de procurateurs ; ils se déclarent ouvertement les maîtres, ils le mettent entièrement de côté, puisque, sans avoir reçu ni ordre ni message d'Hyrcan, Hérode a, au mépris de la loi juive, fait mourir un si grand nombre de personnes ; s'il n'est pas roi, s'il est encore simple particulier, Hérode doit comparaître en justice et se justifier devant le prince et les lois nationales, qui interdisent de tuer un homme sans jugement.



    7. [210] Ces paroles peu à peu enflammaient Hyrcan ; sa colère finit par éclater, et il cita Hérode en justice. Celui-ci, fort des conseils de son père et s'appuyant sur sa propre conduite, se présenta devant le tribunal, après avoir préalablement mis bonne garnison en Galilée. Il marchait suivi d'une escorte suffisante [109a], calculée de manière à éviter d’une part l’apparence de couloir renverser Hyrcan avec des forces considérables, et d’autre part le danger de se livrer sans défense a l'envie. Cependant Sextus César, craignant que le jeune homme, pris par ses ennemis, n’éprouvât quelque malheur, manda expressément à Hyrcan qu'il eut à absoudre Hérode de l'accusation de meurtre. Hyrcan, qui d'ailleurs inclinait à cette solution, car il aimait Hérode, rendit une sentence conforme[110].



    8. [212] Cependant Hérode, estimant que c'était malgré le roi qu'il avait évité la condamnation, se retira à Damas auprès de Sextus et se mit en mesure de répondre à une nouvelle citation. Les méchants continuaient à exciter Hyrcan, disant qu'Hérode avait fui par colère et qu’il machinait quelque chose contre lui. Le roi les crut, mais il ne savait que faire, voyant son adversaire plus fort que lui. Lorsque ensuite Sextus nomma Hérode gouverneur[111] de Cœlé-Syrie et de Samarie, formidable à la fois par la faveur du peuple et par sa puissance propre, il inspira une extrême terreur à Hyrcan, qui s'attendait dès lors à le voir marcher contre lui à la tête d'une armée.



    9. [214] Cette crainte n'était que trop fondée. Hérode, furieux de la menace que ce procès avait suspendue sur sa tète, rassembla une armée et marcha sur Jérusalem pour déposer Hyrcan. Il aurait exécuté ce dessein incontinent, si son père et son frère n'étaient venus au-devant de lui et n'avaient arrêté son élan ; ils le conjurèrent de borner sa défense à la menace, à l'indignation, et d'épargner le roi sous le règne duquel il était parvenu à une si haute puissance. Si, disent-ils, il a raison de s'indigner d'avoir été appelé au tribunal, il doit, d'autre part, se réjouir de son acquittement ; s'il répond par la colère à l'injure, il ne doit pas répondre par l'ingratitude au pardon. Et s'il faut estimer que les hasards de la guerre sont dans la main de Dieu, un acte injuste prévaudra sur la force d'une armée : aussi ne doit-il pas avoir une confiance absolue dans la victoire, puisqu'il va combattre contre son roi et son ami, qui fut souvent son bienfaiteur et ne lui a été hostile que le jour où, cédant à de mauvais conseils, il l'a menacé d'une ombre d'injustice. Hérode se laissa persuader par ces avis, pensant qu'il suffisait à ses espérances d'avoir fait devant le peuple cette manifestation de sa puissance.

    10[112]. [216] Sur ces entrefaites, des troubles et une véritable guerre civile éclatèrent à Apamée. entre les Romains. Cécilius Bassus, par attachement pour Pompée, assassina Sextus César[113] et s'empara de son armée ; les autres lieutenants de César, pour venger ce meurtre, attaquèrent Bassus avec toutes leurs forces. Antipater, dévoué aux deux Césars, le mort et le vivant, leur envoya des secours sous ses deux fils. Comme la guerre traînait en longueur, Murcus fut envoyé d'Italie pour Succéder à Sextus.

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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 19:03

    XI
    1-2. Guerre civile. Cassius en Syrie ; ses exactions. - 3-4. Antipater assassiné par Malichos. - 5-8. Hérode tire vengeance de Malichos.
    1[114]. [218] A cette époque éclata entre les Romains la grande guerre, après que Brutus et Cassius eurent assassiné César, qui avait occupé le pouvoir pendant trois ans et sept mois[115]. Une profonde agitation suivit ce meurtre ; les citoyens les plus considérables se divisèrent ; chacun, suivant ses espérances particulières, embrassait le parti qu'il croyait avantageux. Cassius, pour sa part, se rendit en Syrie afin d'y prendre le commandement des armées réunies autour d'Apamée. Là il réconcilia Bassus avec Murcus et les légions séparées, fit lever le siège d’Apamée, et, se mettant lui-même à la tète des troupes, parcourut les villes en levant des tributs avec des exigences qui dépassaient leurs ressources.


    2. [220] Les juifs reçurent l'ordre de fournir une somme de sept cents talents. Antipater, craignant les menaces de Cassius, chargea ses fils et quelques-uns de ses familiers, entre autres Malichos, qui le haïssait, de lever promptement cet argent, chacun pour sa position, - à tel point les talonnait la nécessité ! Ce fut Hérode qui, le premier, apaisa Cassius, en lui apportant de Galilée sa contribution, une somme de cent talents ; il devint par là son intime ami ; quant aux autres, Cassius leur reprocha leur lenteur et fit retomber sa colère sur les villes mêmes. Après avoir réduit en servitude Gophna, Emmaüs et deux autres villes de moindre importance[116], il s'avançait dans le dessein de mettre à mort Malichos pour sa négligence à fournir le tribut, mais Antipater[117] prévînt la perte de Malichos et la ruine des autres villes en calmant Cassius par le don de cent talents.


    3. [223] Cependant, après le départ de Cassius, Malichos, loin de savoir gré à Antipater de ce service, machina un complot contre celui qui l'avait sauvé à plusieurs reprises, brûlant de supprimer l'homme qui s'opposait à ses injustices. Antipater, craignant la force et la scélératesse de ce personnage, passa le Jourdain pour rassembler une armée et déjouer le complot. Malichos, quoique pris sur le fait, sut à force d'impudence gagner les fils d'Antipater : Phasaël, gouverneur de Jérusalem et Hérode, commandant de l'arsenal, ensorcelés par ses excuses et ses serments, consentirent à lui servir de médiateurs auprès de leur père. Une fois de plus Antipater le sauva, en apaisant Murcus, gouverneur do. Syrie, qui voulait mettre à mort Malichos comme factieux.


    4. [225] Quand le jeune César et Aubine ouvrirent les hostilités contre Cassius et Brutus, Cassius et Murcus levèrent une armée en Syrie, et comme Hérode paraissait leur avoir rendu de grands services dans cette opération, ils le nommèrent alors procurateur de la Syrie entière[118] en lui donnant de l'infanterie et de la cavalerie ; Cassius lui promit même, une fois la guerre terminée, de le nommer roi de Judée. La puissance du fils et ses brillantes espérances amenèrent la perte du père. Car Malichos, inquiet pour l'avenir, corrompit à prix d'argent un des échansons royaux et fit donner du poison à Antipater. Victime de l'iniquité de Malichos, Antipater mourut en sortant de table[119]. C'était un homme plein d'énergie dans la conduite des affaires, qui fit recouvrer à Hyrcan son royaume et le garda pour lui.


    5[120]. [227] Malichos, voyant le peuple irrité par le soupçon du crime, l'apaisa par ses dénégations et, pour affermir son pouvoir, leva une troupe de soldats. En effet, il pensait bien qu'Hérode ne se tiendrait pas en repos ; celui-ci parut bientôt à la tête d'une armée pour venger son père. Cependant Phasaël conseilla à son frère de ne pas attaquer ouvertement leur ennemi, dans la crainte d’exciter des séditions parmi la multitude. Hérode accepta donc pour le moment la justification de Malichos et consentit à l'absoudre du soupçon ; puis il célébra avec une pompe éclatante les funérailles de son père[121].


    6. [229] Il se rendit ensuite à Samarie, troublée par la sédition et y rétablit l'ordre ; puis il revint passer les fêtes à Jérusalem, suivi de ses soldats. Hyrcan, à l'instigation de Malichos, qui craignait l'entrée de ces troupes, le prévint par un message et lui défendit d'introduire des étrangers parmi le peuple qui se sanctifiait. Mais Hérode, dédaignant le prétexte et l'auteur de l'ordre, entra de nuit dans la ville. Là-dessus Malichos se présenta encore une fois auprès de lui pour pleurer Antipater. Hérode lui répondit en dissimulant, tout en ayant peine à contenir sa colère. En même temps il adressa à Cassius des lettres où il déplorait la mort de son père ; Cassius, qui haïssait d'ailleurs Malichos, lui répondit en l'engageant à poursuivre le meurtrier ; bien plus, il manda secrètement à ses tribuns de prêter leur concours à Hérode pour une juste entreprise.


    7. [231] Quand Cassius se fut emparé de Laodicée et vit arriver de tous les côtés les principaux du pays portant des présents et des couronnes, Hérode jugea le moment venu pour sa vengeance. Malichos avait conçu des soupçons ; arrivé à Tyr, il résolut de faire échapper secrètement son fils, qu'on gardait alors en otage dans cette ville, et lui-même se disposa à fuir en Judée. Le désespoir le poussa même à de plus vastes desseins ; il rêvait de soulever la nation contre les Romains, pendant que Cassius serait occupé à la guerre contre Antoine, et se flattait d'arriver a la royauté, dès qu'il aurait sans peine renversé Hyrcan.


    8. [233] Mais la destinée se rit de ses espérances. En effet, Hérode, devinant son intention, l'invita a souper avec Hyrcan ; ensuite il appela un[122] de ses serviteurs qui se trouvait là et l'envoya, en apparence pour préparer le festin, en réalité pour prévenir les tribuns de disposer une embuscade. Ceux-ci, se rappelant les ordres de Cassius, sortirent en armes sur le rivage de la mer, devant la ville ; là ils entourèrent Malichos et le criblèrent de blessures mortelles. Saisi d'épouvante à cette nouvelle, Hyrcan tomba d'abord évanoui ; quand il revint à lui, non sans peine, il demanda à Hérode qui avait tué Malichos. Un des tribuns lui répondit : « Ordre de Cassius ». « Alors, répondit-il, Cassius m'a sauvé ainsi que ma patrie, puisqu'il a mis à mort celui qui tramait notre perte ». Hyrcan parlait il ainsi du fond du cœur, ou acceptait-il par crainte le fait accompli, c'est un point douteux. Quoi qu'il en soit, c'est ainsi qu'Hérode se vengea de Malichos.
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    Message  Arlitto Mer 18 Nov 2020 - 19:03

    XII
    1. Révolte d'Hélix et du frère de Malichos. - 2. Rivalité d'Hérode et de Marion, tyran de Tyr. - 3. Victoire d'Hérode sur Antigone. Il épouse Mariamme. - 4-5. Antoine éconduit les ambassadeurs juifs ; Hérode et Phasaël nommés tétrarques. - 6.7. Massacre des députés juifs.
    1[123]. [236] Cassius avait à peine quitté la Syrie qu'une nouvelle sédition éclata à Jérusalem. Un certain Hélix se mit à la tête d'une armée et se souleva contre Phasaël, voulant, à cause du châtiment infligé à Malichos, se venger d’Hérode sur la personne de son frère. Hérode se trouvait alors à Damas, près du général romain Fabius ; désireux de porter secours à Phasaël. il fut retenu par la maladie. Cependant Phasaël quoique laissé à ses seules forces, triompha d'Hélix et accusa Hyrcan d'ingratitude, pour avoir favorisé les desseins d'Hélix et laissé le frère de Malichos s'emparer d'un grand nombre de places et particulièrement de la plus forte de toutes, Masada
    .
    2. [238] Mais rien ne pouvait garantir Hélix de l'impétuosité d'Hérode. Celui-ci, rendu à la santé, lui reprit les places-fortes et le fit sortir lui-même de Masada, en suppliant. Il chassa pareillement de Galilée Marion, tyran de Tyr, qui avait déjà pris possession de trois places ; quant aux Tyriens, qu'il avait faits prisonniers, il les épargna tous ; il y en eut même qu'il relâcha avec des présents, s'assurant ainsi à lui-même la faveur des Tyriens et au tyran leur haine. Marion tenait son pouvoir de Cassius, qui divisa la Syrie entière en tyrannies de ce genre ; plein de haine contre Hérode, il ramena dans le pays Antigone, fils d'Aristobule. Il se servit à cet effet surtout de Fabius, qu’Antigone s'était concilié par des largesses et qui favorisa son retour ; Ptolémée, beau-frère d'Antigone, fournissait à toutes les dépenses.
    3. [240] Hérode, s'opposant à leur marche, livra bataille à l'entrée du territoire de la Judée et fut vainqueur. Antigone chassé, Hérode revint à Jérusalem, où sa victoire lui valut la faveur générale ; ceux même qui auparavant lui étaient hostiles s'attachèrent à lui, quand un mariage le fit entrer dans la famille d'Hyrcan. Il avait d'abord épousé une femme du pays, d'assez noble naissance, nommée Doris, dont il eut un fils, Antipater ; maintenant il s'unit à la fille d'Alexandre, fils d'Aristobule, et petite-fille d'Hyrcan, nommée Mariamme : il devenait ainsi parent du prince.
    4[124]. [242] Lorsque, après avoir tué Cassius à Philippes[125], César et Antoine retournèrent, l'un en Italie, l'autre en Asie, parmi les nombreuses députations des cités, qui allèrent saluer Antoine en Bithynie, se trouvèrent aussi des notables juifs qui vinrent accuser Phasaël et Hérode de s'être emparés du pouvoir par la violence et de n'avoir laissé à Hyrcan qu'un vain titre. Hérode, présent à ces attaques, sut se concilier par de fortes sommes d'argent la faveur d'Antoine ; à son instigation, Antoine refusa même d'accorder à audience à ses ennemis, qui se virent congédiés.
    5[126]. [243] Bientôt après les notables juifs, au nombre de cent, se rendirent de nouveau à Daphné d’Antioche auprès d'Antoine, déjà asservi à l'amour de Cléopâtre ; ils mirent à leur tête les plus estimés pour l'autorité et l'éloquence et dressèrent une accusation en règle contre les deux frères. En répons, Messalla présenta leur défense ; et Hyrcan se plaça à côté de lui, en raison de son alliance matrimoniale avec les accusés. Après avoir entendu les deux parties, Antoine demanda à Hyrcan quels étaient les plus dignes du commandement : comme Hyrcan déclarait que c'était Hérode et son frère, Antoine s'en réjouit, en souvenir des anciens liens d’hospitalité qui l'unissaient à cette famille, car leur père, Antipater, l'avait reçu avec bienveillance quand il fit campagne en Judée avec Gabinius. En conséquence, il nomma les deux frères tétrarques et leur confia l'administration de toute la Judée.
    6. [245] Les députés du parti adverse ayant manifesté leur irritation, Antoine fit arrêter et mette en prison quinze d'entre eux et voulut même les faire mourir : il chassa le reste avec ignominie. Ces événements provoquèrent une agitation encore plus vive à Jérusalem. Les habitants envoyèrent cette fois mille députés à Tyr, où séjournait Antoine, en route vers Jérusalem. Comme les députés menaient grand bruit, il leur envoya le gouverneur de Tyr, avec ordre de châtier ceux qu'il prendrait et de consolider l'autorité des tétrarques institués par lui.
    [246] 7. Déjà auparavant, Hérode accompagné d'Hyrcan s'était rendu sur le rivage ; là il exhorta longuement les députés à ne pas déchaîner la ruine sur eux-mêmes et la guerre sur leur patrie par une querelle inconsidérée. Mais cette démarche ne fit que redoubler leur fureur ; alors Antoine envoya contre eux son infanterie, qui en tua ou blessa un grand nombre ; Hyrcan accorda la sépulture aux morts et des soins aux blessés. Malgré tout, ceux qui s'échappèrent ne se tinrent pas en repos[127] ; par les troubles qu'ils entretenaient dans la cité, ils irritèrent Antoine, au point qu'il se décida a faire exécuter les prisonniers.

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